
Ces cinq nouvelles armes redoutables pourraient changer le visage des guerres dans le futur
Attaques de drones, missiles de haute précision… Comme la guerre en Ukraine le montre, les conflits armés n’ont plus rien à voir avec ceux du passé. Et les stratégies militaires vont encore considérablement évoluer dans les prochaines années, avec l’émergence d’armes redoutablement efficaces. Tour d’horizon des technologies en cours de développement.
La guerre en Ukraine et les tensions autour de Taïwan ont sonné le retour de la course aux armements entre les grandes puissances internationales. Entre la Russie, les États-Unis et la Chine, l’époque est à la surenchère sur le terrain militaire, alors que l’équilibre de la terreur fondé depuis des décennies sur la dissuasion nucléaire semble vaciller. Drones, missiles hypersoniques, armes laser… Sur quelles nouvelles armes les forces internationales travaillent-elles ? Quelles sont les technologies de pointe qui pourraient émerger dans les conflits de grande ampleur à l’avenir ? Et pourraient-elles faire basculer les rapports de force ? Olivier Lepick chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), nous apporte son éclairage sur le redoutable visage que pourrait prendre la guerre de demain.


1.
Des essaims de drones synchronisés sur l’ennemi
Des milliers de petits drones comme sortis de nulle part. Ils convergent sur une colonne de chars et font feu. Un scénario de science-fiction ? Plus pour longtemps. Fin octobre, le magazine américain MIT Technology Review a dévoilé le projet « Super Swarm » des États-Unis. Selon ce média américain, l’US Navy travaille à la construction, au déploiement et au contrôle d’essaims de drones. Une supériorité par le nombre qui permettrait à ces armes volantes de submerger une défense antiaérienne, puis de faire des ravages dans une armée ennemie.
La guerre en Ukraine a déjà prouvé que les drones jouaient un rôle de plus en plus puissant dans les conflits modernes, entre les Shahed-136 iraniens utilisés par la Russie pour bombarder des villes comme Kiev, et les engins de reconnaissance déployés par les Ukrainiens. Mais avec ces bataillons de drones interconnectés, on basculerait dans une autre dimension.
« La communication en réseau et l’intelligence artificielle intégrée permettront à des systèmes autonomes de communiquer entre eux et de coordonner leurs actions, détaille Olivier Lepick. Dans ce domaine comme dans d’autres, les Américains ont une avance colossale sur le reste du monde. »
Selon le magazine Capital , d’autres armées travaillent sur de tels projets, comme la Chine, la Russie, l’Inde, le Royaume-Uni, la Turquie et Israël. Cette dernière armée serait devenue en 2021 la première à utiliser des escadrons de drones au combat.
2.
Des robots capables de tuer sans intervention humaine
La guerre sera-t-elle un jour l’affaire de robots ? D’ores et déjà, les armées commencent à tester des « systèmes d’armes létales autonomes » (Sala) pour en faire leurs alliés. À l’image de la France, qui a déjà tenté d’apprivoiser des engins comme les robots-chiens Spot de la société américaine Boston Dynamics lors d’entraînements spécifiques, rapporte le site Futura Science . Récemment, l’entreprise Ghost Robotics a créé Spur, annoncé comme le premier robot-tueur de l’Histoire. Ce quadripède, doté d’un fusil d’assaut MK-17 Mod 1 de calibre 6,5 mm, serait capable d’atteindre avec précision une cible située à 1 200 mètres de distance.
Ce genre d’arme robotisée a déjà fait des victimes. En novembre 2020, un haut scientifique chargé du développement du programme nucléaire en Iran a été éliminé par un véhicule armé piloté à distance. Selon le journal américain The New York Times , il aurait été tué à l’aide d’un système de reconnaissance faciale géré par une intelligence artificielle. Le journal américain explique qu’il s’agissait de l’œuvre du Mossad, le service de renseignement israélien.
Le potentiel de ces armes – qu’elles soient terrestres ou volantes, à l’image des drones – ouvre de funestes perspectives dans la manière de faire la guerre. « Et cela pose un vrai problème éthique et moral, commente Olivier Lepick. La question est de savoir qui prend la décision d’appuyer sur le bouton : l’homme ou une intelligence artificielle ? En tout état de cause, il va falloir réglementer ces armes. On ne peut pas déléguer le droit de tuer à des robots. »L’Onu s’est penchée sur la question en novembre 2021. Une Convention des Nations Unies représentant 125 pays s’est réunie à Genève (Suisse) dans le but d’interdire ou de limiter l’emploi d’armes comme les Sala. Mais aucun accord n’a été trouvé.
3. Des missiles fonçant à plus de 10 000 km/h
« Plus les armes vont vite, plus elles sont difficiles à intercepter », résume Olivier Lepick. C’est tout l’enjeu de « l’hypervélocité », qui consiste à faire voler des missiles à cinq ou six fois la vitesse du son, voire bien plus, afin d’atteindre en un temps record des cibles à des milliers de kilomètres. L’intérêt ? Mettre à mal les défenses antiaériennes et antimissiles de l’adversaire. Un enjeu autant stratégique que dissuasif, d’autant que ces missiles peuvent contenir des ogives nucléaires. De quoi bouleverser les équilibres entre grandes puissances.
Dans la course aux armes hypersoniques, la Chine et la Russie ont pris une certaine avance « afin de contrer la sophistication des systèmes d’interception sol-air développés par les occidentaux », précise Olivier Lepick, qui cite par exemple le système Patriot développé par les États-Unis et Mamba, par la France. Selon le magazine Capital , le missile chinois Dongfeng-17 serait ainsi capable de frapper une cible à 7 000 km/h, tandis que le Kinjal russe frôlerait les 12 000 km/h. La Russie a affirmé avoir tiré plusieurs de ces missiles depuis la Crimée au début de la guerre en Ukraine.
Pour l’heure, les États-Unis ont encore un train de retard, mais ils comptent le rattraper avec le missile commandé à la société américaine Raytheon pour 2027. Doté d’un superstatoréacteur, il volerait au moins à 6 000 km/h. La Corée du Nord affirme avoir aussi procédé à trois tirs de ce type, dont le dernier en janvier 2022.
Dans ce marathon international, la France n’a pas l’intention de se laisser distancer : d’après L’Usine Nouvelle , le futur planeur hypersonique V-Max commandé par l’armée pourrait atteindre les 7 000 km/h, soit la capacité de parcourir la distance entre Dunkerque et Nice en 12 minutes. Annoncé initialement pour 2021, il n’a pas encore été lancé officiellement. Un projet de missile ASN4G (Air-sol nucléaire de quatrième génération) est aussi annoncé pour 2035.
En attendant, la Chine joue la surenchère. D’après Business Insider, elle travaillerait déjà sur une arme hybride entre un missile et une torpille. Le Figaro cite aussi la construction en cours d’une soufflerie où les ingénieurs chinois pourront dès l’année prochaine simuler des vols… à Mach 30 !
4. Des armes laser silencieuses et invisibles
Star Wars n’a jamais été aussi proche de la réalité. Fini les balles et la poudre à canon, les grandes puissances misent tout désormais sur les armes laser, comme l’explique le journal italien La Repubblica, relayé par Le Figaro . Et pour cause : ces faisceaux d’énergie mortels offriraient une portée quasiment illimitée tout en étant silencieux, invisibles et extrêmement rapides.
Les premières applications sont déjà là. Israël aurait déjà développé une variante de son bouclier « dôme de fer » en remplaçant les missiles par un faisceau lumineux. La marine américaine a réussi à abattre un missile de croisière. La Russie a également présenté récemment un système baptisé Zadira, « capable d’incinérer un drone à une distance de cinq kilomètres ». Quant à l’armée française, elle a réussi sa première destruction d’un petit drone à l’aide d’une arme laser en juillet 2021.
La Chine aurait également développé un système de seulement 5 mégawatts qui permettrait de viser n’importe quel satellite. De quoi perturber potentiellement les réseaux GPS et les communications mondiales. À terme, des armes laser de plus de 300 kilowatts placées sur les avions pourraient servir à faire exploser des réservoirs et à ouvrir des fuites dans les navires.
5. Des destructeurs de satellites
En cas de guerre majeure, l’espace pourrait devenir l’un des premiers champs de bataille. Les satellites ennemis, qu’ils soient espions et de télécommunication, constitueraient des cibles de choix. Les grandes puissances le savent. Les essais de tirs spatiaux ont repris avec le retour des tensions internationales. En novembre 2021, la Russie a testé un missile sur un de ses satellites, déclenchant un tollé international face aux débris générés, menaçant la Station spatiale internationale (ISS) et les nombreux satellites en orbite. Une démonstration de force avant l’invasion de l’Ukraine, quatre mois plus tard.
« Il y a une telle supériorité des États-Unis en matière de renseignement spatial que la tentation est forte pour les Russes de travailler sur ces armes », constate Olivier Lepick. Les premiers tests de tirs sur des satellites étaient d’ailleurs apparus lors de la course à la conquête spatiale entre les deux pays : un premier tir avait été mené dès 1959 par les États-Unis et en 1963 par la Russie. Ces essais avaient cessé à la fin de la guerre froide, avec la signature d’un accord entre les deux pays excluant l’espace comme champ d’opérations.
Les Chinois, arrivés sur le tard dans la course spatiale, ont rallumé la mèche en 2007. Les États-Unis ont alors relancé leurs essais l’année suivante. Depuis 60 ans, les grandes puissances se sont contentées de détruire leurs propres satellites. Jusqu’à quand ?


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